Au debut de l'année, l'UFC Que Choisir révélait que 1,5 millions de français consommaient une eau non-conforme aux normes de qualité. Si pour la grande majorité d'entre eux, ces non-conformités sont liées à des polluants d'origines agricoles, les stations de traitement sont aussi pointées du doigt.
On parle souvent des pollutions liées aux nitrates et aux pesticides. Pourtant, en matière de qualité de l’eau, des marges de progression existent aussi dans les processus de traitements. Car environ 500 000 français sont encore desservis par une eau dont les teneurs en chlore ou en aluminium sont inadaptées, en tout cas non-conformes aux normes de qualité édictées par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire. Ces anomalies, repérées par Que Choisir à l’occasion de la publication de sa carte de la qualité des eaux au début de l’année, sont le plus souvent liées à des défauts dans le traitement d’assainissement. Un mauvais réglage des stations d’assainissement qui intervient principalement dans les régions rurales ou de montagnes, notamment dans le Massif Central, les Pyrénées, les Alpes et en Corse. Comment expliquer ces dépassements et quels sont leurs impacts sur la santé?
L’aluminium pour
rendre l’eau plus transparente
Le procédé est autorisé par les autorités sanitaires, à condition de respecter la teneur limite d’aluminium de 200 μg/L. Or certaines petites stations de traitement ont parfois la main lourde – jusqu’à 6 fois la dose admissible - comme l’avait montré le documentaire Du poison dans l’eau du robinet, en 2010.
II existe de nombreux doutes – mais pas de preuves formelles – sur la responsabilité de l’aluminium dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Au début des années 2000, les médecins ont par exemple découvert que le cerveau des patients atteints d’Alzheimer contenait trois à quatre fois plus d’aluminium que la normale.
En 1998, une étude a également montré qu’il y avait deux fois plus de cas d’Alzheimer chez les personnes qui consomment de l’eau du robinet contenant de l’aluminium. Et cela même à partir de 100 μg/L, soit deux fois moins que le seuil toléré par les autorités sanitaires. Pour autant, le neurologue responsable de l’étude, en minimise aujourd’hui encore les résultats et demande à ce que l’étude soit refaite pour vérification. Ce qui n’a jamais été fait depuis 1998…
En attendant, un doute réel, même si sans certitude scientifique, subsiste. Le fait que l’eau du robinet soit loin d’être la seule source d’exposition à l’aluminium (on en trouve aussi dans les déodorants ou dans certains conservateurs alimentaires) suscite aussi les réserves de certains scientifiques. Mais face à ces doutes, certaines grandes villes comme Paris, ont remplacé les sels d’aluminiums par des chlorures ferriques. Sage décision, qui mériterait probablement d’être étendue…
Défauts dans la chloration
L’autre point noir du traitement des eaux concerne les pollutions bactériennes. C’est la première fonction des stations d’assainissement que de prévenir toute contamination bactériologique, notamment par la chloration de l’eau. Or Que Choisir note que sur une période de deux ans et demi, les pollutions bactériologiques ont bondit de 12% !
Les bactéries recensées par Que Choisir concernaient principalement les bactéries coliformes (non-pathogènes), les entérocoques et escherichia coli (parfois pathogènes). « Au total 380 000 personnes, habitant dans 2 087 communes, sont potentiellement exposées à un dépassement des normes » bactériennes notait Que Choisir. Les réseaux de Saint-Etienne, Albertville ou Digne les bains font partie des réseaux où ces négligences sont les plus fréquentes. Dans les cas les plus graves, les habitants sont invités à ne plus consommer l’eau courante. Mais dans bien des stations de communes de moins de 500 habitants, la fréquence moindre des contrôles ne permet pas forcément de réagir à temps.
Quel impact sur la santé ? Le plus souvent, chez l’adulte en bonne santé, la présence de ces bactéries se manifeste par des troubles gastro-intestinaux sans gravité et de courte durée. Mais chez les personnes plus sensibles – bébés, femmes enceintes, personnes âgées ou personnes dont le système immunitaire est fragilisé – les effets peuvent être plus problématiques.
Actuellement, le budget des agences de l’eau est de plus de 13 milliards d’euros. Remplacer les sels d’aluminium par des produits alternatifs ou mieux ajuster la chloration dans les zones rurales, ne coûterait pas tellement plus cher. A condition de consentir un effort supplémentaire pour les zones rurales à faible densité.
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